Dans le cirque intime de ses créatures, Sabrina Gruss s’apparente à une baroudeuse circéenne maniant – avec une infinie élégance et sur les chemins désertés- les trésors oubliés par le temps. Loin de la consommation bruyante de notre société, le petit monde de Sabrina nous invite silencieusement et nous interroge, frappe à la porte de notre esprit pour nous rappeler que rien n’est périssable : si ce n’est notre aptitude à rêver. Il faut alors cultiver, labourer le creuset quotidien, le chemin de vie jonché de souvenirs et de cadavres pour partir à la rencontre de ce microcosme bouleversant qui manie tous les ressorts du tragique avec humour, tendresse et humilité. Pourtant le cauchemar est bientôt supplanté par la rêverie guidée par d’infinies cavalcades ou par des poupées animées qui papotent, se disputent ou s’encanaillent.
L’on pourrait associer ces êtres parés d’ossements et de dépouilles à des gens de peu : on pourrait et on le doit car seules ces créatures PEUVENT nous sauver d’une sinistrose qui gangrène l’imaginaire. C’est en effet dans les miettes de notre monde, que s’esquissent d’infinies narrations, historiettes ancestrales que l’on chuchote et que l’on aime apprendre, comme on le ferait d’une fable étant enfant.
La Fontaine, avait ainsi vu juste : car les rats, les crapauds ou les piafs ont bel un bien un langage que Sabrina maîtrise et nous invite à apprendre. Chut … J’entends déjà une danse du rat qui me rappelle à son bon souvenir…