De petits crânes, des résidus, des brindilles, des squelettes… En frappant à la porte de l’atelier de Sabrina Gruss, on ne s’est pas trompé d’adresse. Voici une bien insolite galerie de portraits, d’étranges personnages sans chair et en os, mi-sourire, mi-grimaçants, campés dans des attitudes qui nous sont familières, mis en scène dans des situations que le burlesque dispute à la tendresse.
Entre attraction et répulsion, l’attention se mue vite en fascination pour le ballet funèbre et cocasse qui s’avance à notre rencontre . C’est avec beaucoup de respect, dans une quête qui est liée à son histoire, que la marcheuse s’en va sur les chemins du plateau de la Crau, glaner, c’est son terme, des restes de renards, de sangliers, de fouines, d’oiseaux….
Dans le secret de son laboratoire un peu particulier, elle se livre à d’étonnantes métamorphoses, à de mystérieuses et très touchantes manipulations, sur un petit monde inanimé qu’elle apprivoise et se fait sien. A s’interroger sur la vanité de l’existence, la douleur de la perte, le côté bouleversant de la mort, elle s’est inventé une stratégie de la sublimation pour conjurer l’inacceptable: remettre debout des choses couchées, c’est sa petite réparation à elle.
Christiane Courbon