Ces créatures hybrides paraissent sortir tout droit de l’univers des contes et légendes, s’être échappées de la forêt de Brocéliande ou du Pays des Sortilèges. Humanoïdes, quoique mâtinés de minéral (fossilisé), de végétal (pourri) ou d’animal (crevé), tous ces gnomes et gnomides fantasmagoriques, tels d’immémoriaux esprits follets issus du sein même de la terre, semblent grandement surpris de se trouver ainsi présentés en pleine lumière.
Confondus par le fait que leur mystérieuse existence soit découverte, ils en demeurent comme interdits sinon inquiets, scrutant nos réactions de leurs prunelles nyctalopes.
Bientôt rassérénés les plus tapageurs se ressaisissent illico de leur instrument extravagant pour nous jouer en trio une hallucinante musique d’outre-tombe, d’autres nous présentent fièrement leur infâme progéniture, bercent leur rat mort ou leur crapaud momifié, enfourchent hardiment leur abracadabrantesques monture, se remettent à festoyer ou s’égaient en ribambelle.
Ces Malicieux touchent aux démons comme les Fées touchent aux anges. Bien qu’on les sente susceptibles et ombrageux, on ne s’en inquiète pas trop, car on s’aperçoit vite que tout ce petit peuple en haillons possède un goût vif pour la sarabande, la cavalcade, la mascarade, le tintamarre. Comme nous, quoi !