Minuit dans un jardin secret, au bout d’une allée envahie par les herbes, la plainte d’une chouette…

Sabrina s’avance, même pas peur, même pas froid, dans ce dortoir silencieux, au bout de cette nuit épaisse « d’après la mort, d’avant la vie »…

Elle s’agenouille, ne pipe mot et creuse de ses mains aux doigts longs et fins les profondeurs hantées … de la terre. Elle en bouscule l’écorce, les racines, les cendres, les os blancs avec provision de temps, de force.

« Sabrina !!!, on ne joue pas avec les os !!!!!!!!!!!!!! »

Elle s’obstine et chantonne même sur un air trépassé : « le petit chat est mort… » Car elle devine la vie souterraine, l’air retenu des rêves et les germes du recommencement. L’aube venue, elle ressuscite ses trésors : osselets, coquilles, vertèbres, bec et pattes…

D’inespérés oiseaux voient alors le jour, comme un printemps qui sort de terre, à plumes, à poils, à caboche lisse… C’est sa promesse pour demain.

« Je joue comme je veux d’abord, tu verras quand tu seras vieille… »